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Janie Julien-Fort est une artiste visuelle originaire de Rouyn-Noranda. Elle habite avec sa famille à Montréal où elle enseigne la photographie analogique et alternative. Elle utilise la photographie, la vidéo et les archives pour réaliser des projets évolutifs qui réfèrent au passage du temps, à l’impermanence et à la mémoire. Dans son processus, elle privilégie la latence des photographies plutôt que l’instantanéité, la matérialité plutôt que la transparence. Elle réalise également des interventions performatives avec le collectif féminin les Entêtées, diffusées à VU Photo en 2021.  En 2018, elle reçoit le Prix de la relève en photographie de Montréal et une bourse du Conseil des Arts du Canada pour son projet l’Amorce présenté aux galeries Occurrence et la Castiglione. Elle a participé à la ARTE Video Night au Palais de Tokyo et à la KW Institut avec son court-métrage Mon nom est Personne réalisé au Studio National des Arts contemporains le Fresnoy. Ses recherches de maîtrise en Arts visuels et médiatiques de l’UQAM ont été présentées au musée des Beaux-arts d’Angers, à la Parisian Laundry et à la Galerie Simon Blais dans le cadre du prix FSSB. En 2022, elle était en résidence à Art-OMI aux États-Unis. Elle publie récemment son premier livre, Les paysages éphémères/Chantiers sous surveillance aux éditions Sagamie.


Janie Julien-Fort is a visual artist born in Rouyn-Noranda. She lives with her family in Montreal where she teaches analogue and alternative photography. She mobilizes photography, video and archives to make scalable projects that reference the passage of time, impermanence and memories. Her process favours latency over instantaneity, materiality over transparency. As a member of Les Entêtées women collective, she has also created performance interventions , which were presented at VU photo in 2021. In 2018, she received the Montreal Emerging Photography Award and Canada Council for the art Grant for l’Amorce exhibited at Occurrence Gallery and la Castiglione. She participated in ARTE Video Night at Palais de Tokyo Paris and KW Institute Berlin with her film My name is Nobody, produced at Studio National des Arts contemporains le Fresnoy Her master’s MFA research-practice at UQAM was shown at Musée des Beaux-art d’Angers, Parisian Laundry and Galerie Simon Blais thanks to a FSSB Grant. In 2022, she carried out  a residency at Art-OMI, in the US. She published her first book, Les Paysages éphémères/Chantiers sous surveillance at éditions Sagamie.


Démarche:

Ma pratique s’élabore dans l’émergence de l’image photographique. Je m’intéresse à la matérialité photosensible, à son essence, son ADN. Je collectionne les artefacts, les erreurs et les ratages dans une quête  d’évènements chimiques et lumineux. Pour ce faire, j’utilise entre autres des caméras de fabrication artisanale, la photographie alternative et des photogrammes. Je compose des univers à la fois figuratifs et abstraits peuplés des traces, des vestiges et des fantômes laissés par le passage du temps et de la lumière sur la matière photographique. Je conçois cette approche expérimentale comme un acte de résistance à la prolifération actuelle des images. Je choisis la latence des photographies plutôt que leur instantanéité, je choisis leur matérialité plutôt que leur transparence. L’attitude d’ouverture à l’instabilité du médium que j’entretiens dans ma démarche me permet de tirer profit des imprévus qui surviennent. Je m’approprie les accidents photographiques comme des métaphores révélant la réalité d’empreintes indicielles et illusoires à la fois des photographies. Cela m’amène à réfléchir sur divers aspects de la précarité, car la surface abîmée des images nous ramène à la fragilité de nos souvenirs, de nos repères, de notre environnement et de notre propre corps. Dans mes récentes recherches, je travaille directement avec les artéfacts propres à la chambre noire sans nécessairement passer par un processus de captation conventionnel. De cette manière, j’explore l’essence des photographies soit  une empreinte lumineuse sur une surface photosensible. Je génère des photogrammes aléatoires à l’aide d’une développeuse couleur qui se déploit en de longues bandes dans l’espace d’exposition. J’installe des caméra obscuras dans l’espace public pendant plusieurs mois dont je numérise ensuite l’image latente qui en résulte, elle se présente sous forme numériques sur une carte interactive et prennent la forme de drapeaux qui flottent au gré du vent.


Statement:

I study photosensitive materials and their specific properties, through images that favour latency over instantaneity, materiality over transparency. By developing an approach that questions the production of the image itself, I demonstrate a marked interest for its very materiality. I focus on the emergence of images. I uses analogue and artisanal photographic processes like scrap film, photograms or pinhole camera to underscore the unstable and unpredictable nature inherent to the photosensitive medium. The instability of the medium has great expressive potential to create fictional breaches.  This helps in producing new spaces filled with ghosts, dust and scratches that disclose indiscernible stories. Thus, the falling to ruin images, paired with the subject matter, bring the viewer back to his own fragility. My images are reminiscent of ancient photography, but show contemporary subjects. I creating an imaginary space where the viewer is invited to contemplate the present’s future, as if it was a premonitory vision. They show bare places haunted by human figures, irradiations and light flashes. As I often work on scalable projects that relate to time, they are never finalized and can go off on various tangents.Interested in the slow construction of images, I see photography as a way to give shape to the passage of time, choosing techniques that bypass image capture, leaving room for chance and randomness, which become my raw materials. In my approach, I draws on the mediums instability in order to welcome unexpected occurrences and make use them in my work. I appropriates photographic accidents and their expressive potential, which make it possible to reveal the meaning of the images in their at once indexical and illusionary manifestations. These traces are reminders of the precariousness of our existence. They evoke mourning, vanishing points of reference, deterioration, the fragility of life or, simply, the passage of time.